28 déc. 2006

La Rue Zabym


La Rue Zabym est une œuvre singulière en bien des points. Ce n’est pas une simple comédie musicale de plus, basée sur un conte ou quelques faits anecdotiques. Loin de la, l’auteur, au prix d’impressionnantes recherches, et d’une fructueuse collaboration avec des écrivains et des historiens, nous dresse un tableau historique de la Guadeloupe comme il nous a rarement été donné de la voir.

la genèse
A l’origine de cette aventure, il était simplement question de mettre en scène une histoire d’amour extraite du patrimoine local, ou ayant un rapport avec la culture antillaise. Nous avons donc entrepris des recherches pour une grande belle et universelle histoire d’amour qui aurait pour signe particulier d’appartenir à la culture antillo-guyanaise. Toutes nos recherches s’étant révélées vaines, la décision fut prise d’en écrire une basée sur des faits réèls et connus, et de la situer au début du siècle. C’est ainsi qu’a commencé l’aventure “La Rue Zabym”

“J’ai trouvé particulièrement excitant ce retour à travers les âges, ou j’avais presque l’impression de cotoyer les personnages, de vivre leur vie, de ressentir leurs joies, et leurs frustrations. Toutes ces informations recueillies de ça et de la m’ont procuré un profond bonheur : le plaisir de la réappropriation de soi et de son histoire, de ses racines.”

l’histoire
C’est une émouvante histoire d’amour entre deux jeunes personnes qu’à priori tout devrait séparer et qu’au contraire, tout va réunir :
Il est mulâtre, elle est noire ; et à l’époque où se situe l’histoire, il existe plus de distance entre les noirs et les mulâtres qu’entre toutes les autres races.
Il est de la ville, et elle de la campagne.
Il est étudiant, elle ne fréquente plus l’école, etc…
Mais toutes ces différences vont donner naissance à un amour sincère, beau et innocent. Malheureusement, cette idylle ne sera pas de tous les goûts et tout sera fait pour mettre un terme à cet amour insolite.

la période
Il a fallu plusieurs mois de recherches pour redonner vie à ces quelques pages oubliées de l’histoire de la Guadeloupe. C’est une époque sur laquelle il existe relativement peu de documentation, mais à travers les diverses revues d’époque, quelques témoignages, des échanges de lettres et de cartes postales, il a été possible de recréer l’environnement de l’époque avec une assez grande précision des détails.

le quotidien
Cette pièce fait revivre des pans de l’histoire de la Guadeloupe qui ne sont guères évoqués par ailleurs. Le racisme entre noirs, les luttes politiques pour le pouvoir, les règlements de comptes entre les milices des partis politiques, les pressions exercées sur les votants, une abondance éditoriale jamais égalée, les premiers conflits sociaux, la misère de la population noire, et en même temps, une qualité de vie et une solidarité à toute épreuve.
C’est l’époque où la main d’œuvre Antillaise est énormément sollicitée, que ce soit pour des enrôlements pour des guerres en Amérique centrale, pour le canal de panama, ou encore pour aller trouver l’eldorado sur les placers de la Guyane. Tout cela grâce au bateau, seul moyen de transport fiable de l’époque.

les décors et les costumes
Les décors représentent les extérieurs de la périphérie de Pointe à Pitre qui à cette époque étaient un curieux mélange de luxe et d’insalubrité, un écran vidéo pour les parties maritimes, et un plateau représentant la place centrale du marché.
Les costumes reprennent tous les codes vestimentaires de l’époque, les étoffes et bijoux, le tout mixé à la créativité de nos styliste pour donner naissance à une série de tenues originales répliques amméliorées et modernisées des tenues d’époques.
Une multitude d’accessoires viennent compléter l’illusion en apportant le réalisme nécessaire à retranscrire le mode de vie et les difficultés de l’époque, ainsi que les conditions sanitaires encore assez précaires.

la musique
Paskal Vallot, le compositeur, est assez connu pour ses choix musicaux originaux et novateurs.
Cette fois c’est sur une musique profondément caribéenne, ancrée dans la culture créole mais résolument tournée vers l’avenir, qu’il a choisi de travailler.
De très belles et langoureuses mélodies, une musique d’inspiration Gwo Ka, mais terriblement contemporaine, des arrangements musicaux digne d’un opéra, c’est un style musical nouveau qui fera très certainement des émules.

Les personnages:
RÉGINA COCO : La plus jolie et la plus intéressante des marchandes de La Pointe à Pitre est aussi la plus exigeante. Elle ne souhaite offrir son coeur qu’à l’homme qui correspondrait parfaitement à ses idéaux. Mais cet état d’esprit révolutionnaire n’est pas du goût des autres habitants de l’île. Et plus particulièrement des hommes dont elle a auparavant repoussé les avances. Mais Régina s’en moque et n'en fait qu’à sa tête, balayant d’un revers de main toutes les coutumes et conventions de son époque. Mais les problèmes commençeront réellement lorsqu’elle ouvrira enfin la porte à l’élu de son coeur..

AIMÉ de KHAGNES : Fils de Marie-Olympe de Khagne, ce jeune mulâtre de 25 ans est un idéaliste au sens fort du terme. Il croit très fort à l’amélioration des conditions de vie du peuple depuis qu’il a rencontré Jules de Bréache au lycée Carnot. Ce dernier lui a fait découvrir la politique et toutes les possibilités qu’elle peut offrir à un peuple en plein essor. Mais ce jeune homme au coeur tendre ignore encore la réalité des problèmes auxquels sont confrontés ce peuple, et c’est à travers son histoire d’amour avec Régina qu’il comprendra l’étendue du malaise qui règne sur l’île et ses habitants.

JULES-GASTON de BRÉACHE : Jeune homme de type mulâtre. Il est candidat aux prochaines élections législatives au nom du parti républicain. Fils de notable, c’est tout naturellement qu’il s’est orienté vers le droit puis par la suite vers la politique. C’est un excellent orateur, qui à coup de bons mots et d’idées lumineuses sait mieux que quiconque convaincre son auditoire. Plus adepte des joutes orales que des pratiques physiques, il se tient à l’écart des bastonnades sous la protection quasi-permanente d’Aimé qui est devenu son ami et confident.

M. LYSTWA : Cet inspecteur de l’hygiène et de la propreté des marchés, est un homme très porté sur les plaisirs de la vie. Épicurien jusqu’au bout des doigts, il dépense la majeure partie de son salaire à s’occuper de sa personne. Il n’hésite pas à dépasser le cadre de sa fonction administrative et à effrayer ainsi les marchandes afin de s’attirer ainsi leurs faveurs. Intrigant de la première heure, il sait comment s’introduire dans tous les milieux pour fournir ses services au plus offrant, et il n’a pas son pareil pour manipuler ses compatriotes. En tombant amoureux de Régina, il écrira les grandes lignes de la tragédie.

Mme COCO : La mère de Régina est une femme, juste et bonne qui a passé sa vie entre les champs et les marchés. Son calme et sa sagesse en font la femme la plus respectée du pays. Mais madame Coco a un autre don. Elle est magicienne et peut lire l’avenir et préparer des potions permettant aux uns et aux autres de se défendre face aux vicissitudes de la vie. Elle peut aussi à l’occasion jeter des sorts, mais elle préfère se cantonner à la magie blanche, craignant les effets secondaires pervers des autres pratiques. Madame Coco est aussi très fière de sa fille aînée Régina. Mais gare à celui qui provoquera sa colère.

IDA : Jeune femme noire, elle est la domestique de la famille de Kagne depuis son adolescence. Elle a grandi aux côtés d’Aimé dont elle est tombée follement amoureuse. Mais Marie Olympe, la mère d’Aimé s’oppose farouchement à cet amour « interdit ».

MARIE-OLYMPE de KHAGNES : La mère d’Aimé est enseignante et prône l’instruction comme outil de libération des hommes. Victime elle même des préjugés de races, elle fait tout pour que son fils ne connaisse pas le même sort qu’elle. Elle ne croit guère à la politique et aux politiciens.

SONSON JANZIP : Jeune Homme de race noire. Il est candidat aux prochaines élections législatives où il représentera le parti ouvrier. Il lutte pour l’émancipation des minorités (noirs, indiens, femmes) et prône l’alliance du capital et du travail.